« On est responsable de ce que l’on aime »

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Tu sais, ç’a été long nous deux. Pas si long que ça, mais long quand même pour des personnes qui savaient qu’elles s’aimaient.

Je suis assise à notre table de cuisine, celle qu’on a choisie ensemble, celle qui nous a fait sacrer, celle qu’on a voulu briser en miettes, mais celle qu’on aime tellement maintenant qu’elle se tient sur ses quatre pattes. Je suis là, et je pense à nous. Ouais, à nous. Je regarde à l’extérieur et j’ai envie de te dire que j’ai hâte que le soleil vienne rire à nouveau dans toutes les pièces de l’appartement. Il fait frette dehors, mes pieds sont toujours gelés quand j’entre à l’intérieur. T’es pu là pour souffler ta chaleur de bouche dessus pour me réchauffer, pour m’ensevelir sous les couvertures, pour me faire chauffer de l’eau, pour me forcer à aller prendre une douche brûlante en me répétant de me laver les cheveux « parce que la chaleur part de la tête ».

C’est normal, l’université est commencée, on travaille, on est occupé. On est un peu à cran ces derniers jours, on s’ajuste à tout ça, à ce plein de nouveauté qui inonde le gris de l’hiver, mais qui fait peur aussi. C’est beau tout ça, tu sais. C’est beau parce qu’on s’aime.

Parce que j’en n’ai pas souvent rencontré, des quelqu’uns comme toi. Ils l’étaient peut-être, mais ça fittait pas avec la quelqu’une que moi j’étais. Et c’t’important, trouver quelqu’un capable de fitter ses qualités, mais surtout, ses limites, avec les tiennes. C’est drôle, je nous regarde et je suis émue. J’suis émue de ce qu’on est, mon amour. On s’est jamais sauvé, toi et moi. Pour une fois, pour une maudite fois, j’ai pas ressenti le besoin de faire mon ange gardien ou d’en trouver un. Non. Par contre, on est devenu expert dans l’art de faire des ourlets sur les parties effilochées de notre coeur abimé.

La vie c’pas facile. Je dirais même que c’est difficile en s’il vous plait. Maudit qu’on s’en passerait parfois, mais on se passerait jamais de nous, de ce qu’on a, et surtout, de ce qu’on est. Même quand ça va moins bien, même quand on se tourne le dos, même quand on se décolle dans le lit. Même quand je te trouve con, même quand tu trouves que je suis une petite emmerdeuse. Même quand on se parle pas bien, quand on se tient tête; surtout quand on part à rire devant le ridicule de la chose. On s’aime pas juste parce que c’est beau, on s’aime aussi surtout parce qu’on s’abandonne pas même quand c’est laid.

Tu me juges jamais. Avec toi, je peux être moi. Ça semble quétaine, mais y’en n’a pas beaucoup, des personnes avec lesquelles on peut prétendre être vrai jusqu’au bout, sans jamais essayer de trouver un morceau d’ombre pour se cacher. Tu me laisses m’exposer en pleine lumière. On se prend tels que nous sommes. Avec qui d’autre pourrais-je crier « QU’ON LUI COUPE LA TÊTE À L’AUBE! » sur un air pseudo-français en faisait semblant de boire une coupe de vin rouge, hen? Avec qui, si c’pas avec toi.

Tu m’as pris le coeur avant de me prendre le corps, à coups de regards qui disaient « J’t’abandonnerai jamais, t’entends? Jamais ». Et ça, c’est la plus belle promesse sans paroles du monde, celle qui vient des yeux. On l’a compris, l’histoire du Petit Prince. « On est responsable de ce que l’on aime. » Chaque jour me confirme que je nous veux encore pour un jour de plus.

T’as pris le pari de me séduire chaque jour comme au premier, et c’est un défi que tu relèves haut la main depuis que nous sommes ensemble. Je souhaite à tout le monde de se faire aimer de cette façon-là. Hier, je t’ai acheté le café que tu aimes pour te faire plaisir; tu es arrivé à la maison avec les chocolatines que j’aime pour me faire plaisir. On ne s’était même pas consulté. On a le sourire heureux.

On prend soin l’un de l’autre quand ça va bien et quand ça va moins bien. Tu sors m’acheter des nouilles ramen lorsque je te demande de la soupe Lipton pour ma grippe, tu te coupes en coupant le pain et tu cuisines du tofu à rien, mais t’es toujours là pour aller me chercher un verre d’eau à 2h00 du matin, pour aller monter le chauffage à 2h10 du matin, et pour aller le redescendre à 2h15 car j’ai finalement trop chaud.

Tu me dis souvent, à la blague, que peu de personnes seraient capables d’être avec une personne comme moi, et j’te réponds toujours que t’as tord parce que j’ai jamais voulu te faire ce plaisir-là, celui d’acquiescer, même si t’as raison. Je te l’ai jamais dit, mais oui, t’es une des seules personnes à qui j’fais pas peur. Une des seules personnes qui me trouve pas « trop », qui n’a pas peur de mes rêves, qui n’a pas peur de me froisser, qui prend ma main pour m’aider à gravir la montagne que j’ai dessinée, aussi haute soit-elle. Une des seules personnes qui me trouve pas débile, qui me respecte et qui me comprend. Une des seules personnes ayant l’honnêteté et la franchise de me regarder dans le blanc-rougi des yeux en me disant : « Ça va être difficile, mais on va y arriver. »

J’y crois, tu sais. C’est peut-être une chimère, une idée adolescente, une naïveté qui s’est logée au creux de mon coeur pour effacer le trop plein de pas beau qui y était logé, c’est peut-être parce que j’ai fait de l’espoir mon leitmotiv, mais j’y crois. Malgré le risque, malgré le temps, malgré nous. Chaque fois que j’entre à la maison, j’ai hâte de voir ton visage et je récite tes yeux comme une prière inébranlable au coucher. La vie est courte, mais ce serait long sans toi.

Je t’aime.

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