Le soir où tu as voulu que je te quitte

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On a toujours été bien tous les deux. Même si nous sommes deux bizarres, que nous nous appelons par notre prénom et que nous ne répondons pas toujours «Moi aussi» après un «Je t’aime» (ça peut être un «D’accord», un «Merci» ou un «C’est gentil que tu m’aimes»). Nous n’avons jamais douté de nous. Il y avait toi et moi, puis il y avait le reste du monde. Il y avait nous, qui pitonnions sur les boutons de la Vérité et de l’Honnêteté en lettres majuscules, puis il y avait le reste de la planète.

Puis un soir, tu n’as plus été sûr. Pas parce que tu ne m’aimais plus, pas parce que tu m’aimais moins. Pour m’aimer, tu m’aimais; tu m’aimes. Comme à peu près personne auparavant. Le hic, c’est que t’as réalisé que tu t’aimais un peu moins; pas depuis que nous étions ensemble, depuis tout le temps. Tu avais juste flanqué ces idées noires-là sous le tapis pour ne pas qu’on les voie. Sans qu’on s’y attende, les idées se sont soulevées et nous avons trébuché.

La semaine dernière et quelques fois avant, les fantômes sont revenus te hanter comme des pas gentils. Tu me regardais avec des yeux que je ne connaissais pas et tu me parlais avec des mots que je ne comprenais pas.

Tu n’étais plus bien; pas avec moi, avec toi. Et tu voulais que je parte parce que tu te sentais mal de m’infliger ça, parce que tu ne savais pas quoi faire. Il n’y a pas toujours d’explications pour les bobos. Parfois tout va bien, mais rien ne va. C’est comme ça. J’aurais pu t’écouter. J’y ai pensé. Ça aurait été facile sur le coup. J’aurais pu faire ce que j’ai toujours fait avant : fuir. Partir. Abandonner. Comme dirait l’autre, je n’ai pas été la dernière à piger dans le sac à faces et je pense avoir une âme pas pire aussi.

J’aurais pu me faire croire que je valais mieux que ça, que je ne serais jamais seule de toute façon. Mais le fait est que j’en n’avais pas envie. Que t’étais ce dont j’avais envie, que tu le veules ou non.

Si t’avais été quelqu’un d’autre je serais déjà loin devant. Un peu comme toi ces derniers temps. Toi, loin devant moi, affichant toujours un visage surpris en constatant que je réussissais à te rattraper, que j’étais encore et toujours là. Si t’avais été moins «toi» je t’aurais lancé au bout du monde avec toute la violence du monde pour que tu t’écrases.

Mais t’es toi; t’es pas quelqu’un d’autre. Tu m’as demandé ce que je faisais encore là, pourquoi j’étais encore là. Parce que tu n’acceptais pas que pour une fois, quelqu’un puisse t’aimer sans compromis, sans cachettes. Tu n’acceptais pas que quelqu’un pardonne tes erreurs en riant au lieu de pleurer. Tu n’acceptais pas que quelqu’un puisse t’aimer malgré. 

Tu n’acceptais pas que je puisse être là, à t’aimer toi alors que tu n’étais même pas certain de t’aimer toi-même. Ce n’était pas du sadomasochisme de ma part, mais je m’étais toujours dit que lorsque j’allais rencontrer celui qu’il me fallait, je n’allais pas partir. Je ne crois pas les gens qui disent que l’amour n’existe plus, aujourd’hui. Les gens ne se laissent pas à la moindre difficulté même s’ils s’aiment, ils se laissent à la moindre difficulté parce qu’ils ne s’aiment pas. Parce qu’ailleurs leur semble meilleur; pour moi rien ne semble meilleur que nous.

C’est facile d’aimer quelqu’un quand ça va bien, quand l’autre à tout et que t’as rien. C’est comme aimer quelqu’un pour ses qualités. Tout le monde peut t’aimer pour tes bons côtés, mais c’est loin d’être tout le monde qui est prêt à vivre avec les côtés laids; avec les situations laides.

Alors je veux juste te dire une chose : j’irai nulle part. Oublie ça. Tant qu’on va s’aimer comme on le fait je vais rester là, entre les murs de notre appartement et de notre vie. On n’abandonne pas ceux qu’on aime.

22 réflexions sur “Le soir où tu as voulu que je te quitte

  1. Je vous remercie d’avoir écrit ce texte, cela m’a fait beaucoup du bien. Je vis presentement une phase où je réalise que je ne suis pas bien dans ma peau. Je suis avec mon copain depuis cinq mois environ et dernièrement je devenais plus « irritable » et distante et cela affecte notre relation. Il me disait sans cesse qu’il m’aimait et qu’il me trouvait belle, mais je lui disais souvent que ce n’était pas le cas de sa part, mais dans le fond c’est juste moi qui s’aime pas et qui se trouve laide. En lisant ce texte, ça m’a fait beaucoup réfléchir et ça me fait du bien. Merci infininement .

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  2. Peux importe qui on est, d ou on vient et où on va! Être aimer fait partie des 14 besoins fonda manteaux. Alors, il est tout à fait normal de ressentir le besoin d être aimé et d aimer. L important est de s aimer sois-même au départ. Il est plus facile d aimer et surtout d être amer! Aimer c est le dont de sois!! 😘

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  3. j ai du partir il me la demander il m aimais plus comme ca du jour au lendemain j ai rien vue venir je pensais qu’ il prenais des distances la cause sa santé ses ti dodo qui lui font peur qui le rend vulnérable .j ai pas arrêter de l aimer et ont ce retrouve a chercher ailleurs l amour difficile pour moi ces lui mon âme sœur je le sais ses tous . merci pour cette lettre elle es tellement vrai .

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  4. C’est fou comme un texte de quelque ligne à réussi à me faire réfléchir plus que tout les livres que j’ai lu pour me reconstruire après notre épreuve . Je dit notre épreuve car on est toujours deux. Peu importe la faute à qui .. les erreurs c’était les nôtres. Merci pour ce beau post !

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  5. Quel beau texte qui me va droit au coeur !!! Quelle belle preuve d’amour !!
    Il faut s’aimer soi-même pour croire que nous méritons d’être aimés. Il faut régler ses problèmes pour faire fuir les fantômes du passé sinon ils reviennent toujours nous hanter L’amour vrai, c’est accepter l’autre tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts, et ne pas chercher à le changer.
    Je t’aime ma belle.

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    • Le soir ou tu as voulu que je te quitte, je suis parti parce que je t’aimais , c’est ce que tu voulais , qu’importe ma blessure , tu n’es pas bien dans cette relation , je n’ai pas à te l’imposer .Sois heureuse , je le serai , parce que je t’aime .

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  6. Comme c’est rassurant de savoir que des gens restent encore. Parfois si la vie nous amène ailleurs, on n’abandonne jamais vraiment ceux qu’on aime. Ils demeurent toujours là en nous. Tant qu’il y a de l’amour de part et d’autre, tout est possible. Merci pour ce magnifique texte touchant !

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  7. Wow je suis avec ma conjointe depuis l âge de 16 ans on as eu des hauts et des bas toujours ensembles depuis 28 ans pour moi ses la plus belle et la meilleure je t’aime ma guidoune

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  8. Merci pour ce merveilleux texte. Ces mots j aurais pus les écrire Je vis une relation tumultueuse depuis plus de 8 ans mais quand on aime on aime. je veux être la pour lui et je sais qu il va être la pour moi encore. J ai vécue cette phase de tu dois partir car je ne suis pas assez bien pour toi. Et bien a cette phrase je lui ai répondu ce n est pas a toi de choisir ce qui est bien pour moi ou non et je ne veux pas du prince charmant mais bien de celui qui fait battre mon coeur.

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  9. Merci pour ce merveilleux texte. Il me va droit au cœur. Moi j’ai dû le quitter car nous n’habitions pas encore ensemble et il a voulu consacrer tout son temps libre à ses deux merveilleux enfants qu’il a d’une ancienne union. Il les voit une semaine sur deux et la semaine qu’il est seul, il la passe avec moi. Il dit qu’il ne m’aime plus mais si vous saviez tout le bonheur que nous partageons lorsque nous sommes tous les deux. Il me pousse à faire des rencontres pour que je tombe amoureuse de quelqu’un d’autre mais moi c’est lui que j’aime. Il pense que je mérite mieux que du bonheur une semaine sur deux !!! S’il savait comme je suis prête à attendre qu’il me revienne et que nous formions enfin une famille avec ses enfants et les miens mais il ne veut pas, il ne se sent pas bien de me faire vivre ça… Votre texte me porte à une grande réflexion, moi qui ait toujours voulu l’attendre malgré ce qu’il en pense … Merci, ça m’a fait du bien de m’ouvrir à vous.

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  10. Merci pour ce beau texte !
    Je le lis et le relis , j’aurais pu l’écrire , ça représente tellement mon couple. Mon homme m’a dit plein de fois que je devrais le laisser et me trouver quelqu’un de meilleur que lui, chaque fois je lui répond que je n’en veut pas des autres, mon amour c’est lui.

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  11. Nous vivons pratiquement ce que tu décris. Elle m’a envoyé le lien en référence à nous pour que je le lise.
    Nous avons tous les deux attendu l’autre à tour de rôle. Ça en vaut totalement la peine. C’est vraiment durant ce temps que j’ai compris combien elle m’aimait, comme personne avant. Je fais la même chose, je l’attend.

    Si tout allait toujours bien, et que nous n’avions jamais de chagrin ou de risque à prendre, la vie serait ennuyante. Vivre c’est ne pas fuir au moindre risque de douleur. Pour vivre les hauts, il faut pouvoir risquer de vivre les bas.
    Je t’aime Julie.

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  12. J’ai l’impression que moi et mon ex avons écrit ce texte ensemble… Il y a du vrai pour lui et pour moi… J’ai versé de grosse larme en le lisant … C’est tellement nous… Merci beaucoup… Après 10 ans de relations, malheureusement nous sommes venu à la séparation mais j’espère encore une réconciliation entre nous… Peut-être le jour où je serais en paix avec moi même…

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  13. Ce texte, j’aurais pu l’écrire.. Il me fait tellement réfléchir. Mon copain vient de me quitter.. Pas parce qu’il ne m’aime pas, mais parce que je ne m’aime pas et que je ne suis pas capable d’aimer « bien » quelqu’un d’autre. J’aimerais tellement lui faire comprendre qu’il était mon équilibre, mais que dorénavant, je serai mon équilibre et il sera mon complément. La vie est semée d’embûches et ça semble souvent insurmontable.. Mais je sais que je serai capable de remonter ma montagne et qu’au sommet, quelque chose de beau m’attendra. Je dois seulement faire confiance à la vie.. Et me faire confiance.

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