Vivre au-dessus de ses moyens

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« Un jour, on devrait avoir la paix. » On la dit souvent cette phrase, hen?

Quand ce n’est pas la facture d’université, c’est la passe de bus, quand ce n’est pas la passe de bus, ce sont les manuels scolaires, quand ce n’est pas ça, c’est le loyer, Visa, le cellulaire, l’épicerie.

« Welcome home », comme dirait l’autre. En effet, bienvenue dans la maison où tu n’as jamais la paix, où il y a toujours quelque chose. Cette maison, c’est le monde des responsabilités. Responsabilités auxquelles on échappe en vivant à crédit parce que le débit ne débite plus depuis longtemps. Crash le cash.

Que tu sois étudiant, salarié ou monoparentale importe peu. Personne n’y échappe. On n’a pas atteint le quart de siècle que c’est le nombre d’années que ça nous prendra rembourser ce que nous avons emprunté à plus grand que nous. On a l’emprunt facile et les banques sont tellement généreuses. Marge de crédit? Hypothèque? Prêt personnel? Je me souviens qu’à 14 ans, un conseiller financier avait dit à ma mère que nous pourrions regarder les prêts automobiles dans deux ans. « Un p’tit prêt de 2000$, ça peut toujours être utile pour l’achat d’une première voiture. » J’avais 14 ans! et déjà, j’étais conditionnée à vivre à crédit.

On se dit toujours qu’on a tout le temps du monde pour payer. La vérité, c’est que même si on veut le prendre, le temps, on ne l’a jamais moins que quand on doit quelque chose.

Vient le moment où la machine court plus vite que nous; le moment où les intérêts s’accumulent plus rapidement que nos 90 crédits universitaires. Vient parfois l’heure des choix. Le choix entre un domaine d’étude stimulant et enrichissant, mais qui n’offre pas de réels débouchés, ou un domaine qui ne te passionne pas vraiment, mais qui t’offre la stabilité d’un chèque de paie avant même que t’aies terminé tes études. Vient le moment des calculs. Le moment où tu relativises l’importance que pourrait prendre une carrière dans l’atteinte de ton bonheur. Si t’es chanceux, ta passion s’allie bien avec stabilité.

Si tu étudies en science politique, en arts visuels, en littérature, en photographie ou en philosophie, la stabilité tient de l’ordre du rêve. Confronté face à nos choix, il est parfois difficile de prendre une décision. Qu’est-ce qui est important? Être heureux en empruntant le chemin difficile ou se contenter de ne pas être malheureux? Se contenter de. Pendant que tu cogites et que tu mets ta vie sur pause, les factures ne ralentissent pas la cadence pour autant.

« C’est ça être étudiant ». C’est toujours ce qu’on me dit. Ensuite c’est : « C’est ça être adulte », pour ensuite devenir : « C’est ça être parent ». Au fond, on n’en sort jamais vraiment. On se rassure en se comparant. En regardant autour de nous, on réalise que nous sommes tous dans le même bateau. C’est presque rassurant, savoir que si on coule, on ne sera pas les seuls à se noyer. Mais l’angoisse du naufrage est terriblement suffocante. Parfois, ça t’empêche même de respirer. Comme dirait Manu : « La fin du mois est plus sombre qu’un gothique », et non, ce n’est pas toujours parce que tu vis au-dessus de tes moyens. Parfois, c’est la vie qui est au-dessus de tes moyens.

Parfois, c’est ta voiture qui décide de ne pas démarrer un matin d’hiver; parfois, c’est la personne avec laquelle tu avais confectionné et prévu d’élever un enfant qui décide de partir sans crier gare, du jour au lendemain sur la pointe des pieds, te laissant seul(e) face à une double responsabilité que tu n’as pas le choix d’assumer pour le restant de tes jours; souvent, c’est ton salaire qui n’augmente pas au même rythme que l’inflation.

De toute manière, est-ce vraiment humain de se contenter de survivre? De se priver? De ne jamais faire de sorties ou de se contenter de pâtes au beurre sous prétexte que « c’est ça la vie »? De se créer des problèmes de santé à long terme parce qu’un 2 litres de Pepsi coûte deux fois moins cher que 750ml de jus? Non ce n’est pas ça, la vie. Du moins, ce ne devrait pas être ça.

Nous sommes constamment stimulés par des publicités nous ventant les mérites de 5 compagnies de crédit différentes, de publicités alléchantes nous faisant miroiter le rêve d’un peu d’allègement avec leurs « 500$ en 24:00, sans enquête de crédit ». Mais le répit à un prix, et il est élevé.

À ce moment, c’est vrai qu’on a le choix. On l’a toujours, le choix. Mais quand t’es au bout du rouleau et que t’as pu rien pour t’essuyer, il se peut que tu en empruntes, du papier cul.

[ Crédit photo : Credit card par Wild Guru Larry ]

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