J’aimerais te dire que nous serons toujours ensemble, mais je ne peux pas

Crédit photo : Vinoth Chandar

J’aimerais avoir l’arrogance de te jurer qu’on sera toujours ensemble, mais je ne peux pas. J’aimerais te regarder et t’assurer que ça va durer jusqu’au bout. Être sûre comme je suis certaine que le soleil se trouve dans le ciel et non dans l’océan. Être sûre comme je sais qu’en ce moment, je ne voudrais pas me passer de nous. Être sûre qu’on va toucher l’horizon, qu’on va se regarder entre quatre yeux plissés par le passage du temps en se disant «On a réussi». J’aimerais ça te dire qu’on va s’aimer encore, qu’on va s’aimer encore mieux que dans la chanson de Vincent Vallières, mais la vérité c’est que je le sais pas, c’est que j’en sais rien.

Je ne crois pas que la rupture soit souvent le plan de base envisagé lorsque deux personnes décident de partager la moiteur de leur vie. Verrais-tu deux bouches se dire «Je t’aime, mais j’espère vraiment que ça crash nous deux et qu’on cesse de s’aimer»? Non. J’pense que personne souhaite ça. Ça fait juste arriver. Pas toujours, mais parfois. Et souvent, on croit être exempté, on croit être l’exception à la règle. Parce qu’on croit toujours qu’on s’aime mieux que les autres. Parce qu’on croit toujours être plus vrais, moins faux. Parce qu’on croit toujours avoir compris le détail qui échappe aux autres.

Mais la vérité, c’est qu’on ne sait jamais.

Il est possible qu’un jour, une autre te fasse plus rire que moi. Il est possible qu’une nouvelle âme soit plus intéressante. Il se peut que tu n’entres pas une nuit. Il se peut que je n’entre pas une nuit. Il est même possible que la recherche de nouveauté nous explose à la gueule ; qu’on se mette soudainement à se chercher dans d’autres personnes, dans d’autres sourires. Il se peut qu’on se perde. Qu’on mélange le Nord avec le Sud. Qu’on vive nos vies en parallèle. Qu’on se demande ce qui s’est passé pour qu’on s’éloigne à ce point-là. Mais surtout, qu’on cesse de se pardonner. Que les conneries deviennent des erreurs à reprocher à l’autre.

On ne vit pas dans un film, on ne vit pas dans un livre. De toute manière, que se passe-t-il lorsque la dernière page est tournée ou encore lorsque l’heure et demie est écoulée? Il ne se passe rien. Hormis une idée faussée de ce que devrait être l’amour. Une idée projetée sur l’écran de notre mental par des acteurs ayant été payés des millions pour nous faire croire que la fiction était la réalité. Mais elle ne l’est pas. Ces gens-là, ceux-là même qui jouent la comédie le temps d’un film, sont peut-être en train de se prendre la tête avec la personne partageant leur quotidien dans la vraie vie au moment même où on se dit  «Aw, ça c’est une vraie histoire d’amour. C’est sûr qu’ils sont morts heureux et amoureux». Tsé. Non. 

Même les gens les mieux intentionnés peuvent se faner et se friper. Ça arrive que deux personnes cessent de s’aimer. Parfois, il arrive que seule une des deux cesse d’aimer. Il est possible que les rires sonnent plus faux et que le temps, même si on lui prête toutes les vertus dont celle de tout arranger, n’arrange rien. Alors voilà. J’aimerais te regarder, te serrer le petit doigt en fermant les yeux et t’écrire une lettre te disant que «Je t’aime for ever and ever» comme quand on avait huit ans, mais on n’a plus huit ans. 

Et tant mieux. Imagine si on savait qu’on resterait ensemble. On se tiendrait sûrement pour acquis. On prendrait probablement moins soin de nous, on ferait moins d’efforts, on ne se séduirait plus. La notion de risque disparaitrait pour faire place à la mollesse, à l’habitude et à la fameuse zone de confort. Ce serait plate. Si je savais que tu serais là pour toujours, je t’aimerais sûrement un peu moins. 

Mais je sais que j’ai envie de voir le temps s’étaler sur ton visage comme dans la vidéo. Celle dans laquelle deux jeunes amoureux se font maquiller pour qu’ils puissent voir de quoi ils auront l’air à 50 ans et à 70 ans. Ça m’a tellement émue. J’ai envie de vivre ça avec toi. J’ai envie de continuer à surmonter les difficultés pour qu’on réalise chaque jour qu’on est solide, mais surtout pour qu’on réalise à quel point on est fragile. 

J’ai envie d’assister à tes réussites, j’ai envie que tu assistes aux miennes. J’ai envie qu’on continue de mettre nos égos de côté, davantage pour le meilleur que pour le pire. Ouais, j’ai envie de continuer ça. Qu’on dépasse parfois la limite, qu’on réalise, qu’on grandisse. Ensemble. 

Je peux te dire une autre chose aussi. C’est que pour la première fois de ma vie, je ne vois pas la fin. Chaque fois qu’il y avait un début, je savais que la conclusion était imminente. Ça prenait parfois six mois, parfois deux ans. Je me suis rarement, voire jamais, trompée. Et pourtant, ça ne m’a pas empêché d’aimer. Ça ne m’a pas empêché de partager et de rire. Tu l’as expérimenté aussi. Tu as aimé avant. Aimé différemment. Nous avons dansé avec d’autres personnes, nous avons caressé d’autres oreillers. Nous avons même eu d’autres rêves. Quoi que je ne pense pas. Nous avons les mêmes rêves que nous avions avant, à la différence qu’ils sont maintenant partagés avec la personne qui y donne un sens.

Lien de la vidéo : Young Couple Gets Increasingly Aged with Make-up and Revealed to Each Other

16 réflexions sur “J’aimerais te dire que nous serons toujours ensemble, mais je ne peux pas

  1. rien a rajouter…je pense que cest ca la vie a deux…..quelle est la vrai recette ?????? en a t’il vraiment une ???? il faut savoir ecouter,partager,respecter,communiquer, avoir confiance….. quel beau texte…merci !!!!! ig

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  2. A reblogué ceci sur Du Haut de mes 20 anset a ajouté :
    Si on commençait simplement par se dire les «vraies» choses, pour savoir au moins à quoi on devrait s’en tenir. Je ne dis pas que tu seras mon dernier. tu es simplement mon préféré. Pourquoi ne pas tout faire pour essayer que ça fonctionne, au lieu d’essayer d’éviter que ça crash.

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  3. À l’humain derrière l’auteure. La journée de ta publication, ma mère faisait une pneunomie, la 4e depuis les 2 dernières années dont la dernière remonte à quelques mois…. Ce 18 mai 2015, jallais rendre visite a ma mère pour lui annoncer avoir quitter mon conjoint de vie depuis 3 ans et demi. Et mon sentiment était fondé, elle n’allait pas bien, pas la même énergie que d’habitude….. Je veux juste te dire que je dois faire le deuil de l’amour à deux, la vie de famille, la perte de ma mère et l’acceptation que Krystel, enfant unique vivant loin de sa famille et de son paternel, aura toutes les raisons de VIVRE et GRANDIR au lieu de sûbir. Je suis vouée au bonheur et même si je dévie de la conformité (métro boulot dodo conjoint maison), je suis une « constructrice de bonheur » de par ma carrière dans le domaine de la santé sociale. MERCI À TOI chère Virginie qui a su compléter ma pensée et les mots qui traversent mon corps physique et spirituelle. 27 ans, cette vision, cette vocation…. comment voir ça autrement qu’un cadeau incroyable TANGIBLE et combien apaisant? Tu es toi aussi une faiseuse de bonheur! Et au plaisir de te laisser survoler mon blog (ci-bas) je crois que rien n’est un hasard!

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  4. Merci! Merci pour ce billet!

    Très beau texte empli de vérité, de sagesse… de lâcher prise.

    Ce fût touchant à lire et la vidéo m’a laissée sans mot.

    J’ai vécu cette relation de passion qui ne mènera nul part plus d’une fois et vous avez su mettre les mots sur ce que je souhaite à l’avenir.

    Bravo!

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  5. Je ne suis pas d’accord avec le point de vue exprimé dans le texte. Enfin, je suis d’accord pour dire qu’on ne sait jamais ce qui va arriver. C’est vrai. On peut tomber malade et on peut mourir. Mais pourquoi se laisser la possibilité de ne plus se pardonner et de « ne pas rentrer une nuit » (expression qui semble sous-entendre un adultère)? Pourquoi parler de l’éventualité d’en regarder un(e) autre? Pourquoi nous donnons-nous le droit d’agir ainsi envers la personne qui nous accorde tout son amour et sa confiance? C’est en pensant ainsi qu’on commence déjà à mettre notre relation en péril.
    Je sais que la mentalité qui est très présente dans notre société est celle de changer de conjoint quand la flamme vacille ou, pire, quand le dopage du début de la relation est terminé. Pourquoi ne pas seulement se dire qu’on va tout faire en son pouvoir pour que ça dure toujours, et ce, dès le départ? Si chacun prenait cette décision tout de suite en commençant et la respectait, il n’y aurait pas lieu de dire que « peut-être, un jour, je serai attirée par un autre et je te quitterai ». Malheureusement, chacun ne fait pas cet effort. On se laisse tenter, on se dit que ce ne sera pas grave, mais ça le devient. Et on blesse l’autre. Et on recommence. Toujours. Un partenaire de vie, c’est un meilleur ami, un amoureux, un confident, quelqu’un avec qui on est honnête à 100 % sans avoir à craindre des conséquences négatives. Si ce n’est pas comme ça, posez-vous des questions. Et si vous dites que je rêve en couleur, demandez-vous ce qui est le mieux : avoir un couple solide qui peut traverser toutes les tempêtes, au prix d’un investissement quotidien, ou avoir des relations sporadiques qui procurent bien des sensations fortes le temps que ça dure, mais qui ne permettent jamais de construire quoi que ce soit de durable. Au bout du compte, quand vous serez âgés et qu’il ne restera plus rien d’autre, quel chemin croyez-vous que vous voudrez avoir choisi?

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