Quand l’amour s’en va.

L’amour s’en va lorsque tu commences à verrouiller la porte de la salle de bain quand tu vas prendre ta douche. Quand trop c’est comme pas assez et que là, il y a trop de pas assez. Quand tu cumules les soupers à l’extérieur, quand t’as hâte d’aller travailler et quand vos seules activités se résument à aller au gym ou faire l’épicerie.

L’amour s’en va quand tu vas te coucher le soir et que tu y vas vraiment pour dormir. Quand faire l’amour relève maintenant d’une tâche à faire et non plus d’un désir ressentit voulant être partagé. Quand tu comptes les jours depuis la dernière fois en te disant Ouin, faudrait le faire là … Quand t’as l’impression de devoir le faire, mais pas de vouloir le faire.

L’amour nous quitte quand on commence à faire trop de ménage tout le temps. Lorsqu’on plie, déplie et replie les vêtements (les mêmes vêtements). Lorsqu’on s’assoie chacun sur notre divan en écoutant les reprises d’Un souper presque parfait pour s’empêcher de réaliser à quel point on n’a plus rien à se dire et à quel point notre relation est loin d’être presque parfaite. Mettons qu’on se donnerait pas un 8/10.

Ironiquement, l’amour s’en va lorsqu’un des deux commence à se dire que l’autre ne partira jamais. Il s’en va quand la seule chose qui vous lie encore est la peur de l’inconnu. Il s’en va de plus en plus quand vous vous regardez avec cette petite moue qui ne veut rien dire d’autre que Ouin, je sais. C’est poche en? assortie à un petit haussement d’épaules.

Il nous quitte quand on commence à mettre un pyjama la nuit alors qu’on n’en mettait jamais avant, quand le lit king devient trop petit et quand on n’attend plus l’autre pour s’y rendre.

Il nous quitte quand on ne cuisine plus, mais qu’on ne va pas au restaurant. Quand on mange juste des restants. Quand c’est tout ce qu’il reste, des restants. Des restants de bouffe, pis des restants d’émotions aussi. C’est quand on ne s’écrit plus de lettres et de moins en moins de textos. Quand on ne s’écrit même plus de cartes à nos anniversaires, plus de bons matins et qu’on ne s’envoie plus de photos coquines qui veulent dire J’ai hâte que t’arrives. En fait, c’est ne plus avoir hâte que l’autre arrive à la maison. C’est ne plus avoir hâte d’arriver à la maison point.

C’est quand t’as l’impression que la seule branche du triangle de Sternberg qu’il vous reste est celle de l’engagement.

C’est quand ta relation est rendue à l’image de la crème glacée Häagen-Dazs saveur pâte à biscuits. T’en manges, t’en manges. T’as besoin de ta dose tous les jours, tu te tannes pas. Jusqu’à temps que tu te tannes. Jusqu’à temps que t’aies mal au cœur juste à regarder le pot. Quand tu te dis que tu devrais peut-être changer de sorte, parce que celle au chocolat te fait de l’œil et que t’es soudainement tentée de te plonger dedans, toi qui n’y avait jamais porté attention avant …

L’amour s’en va quand t’as envie de tenir un round de plus juste parce que t’aimes pas l’idée d’être celle-qui-abandonne-devant-les-obstacles-comme-tous-les-gens-de-sa-génération, mais qu’au fond de toi, t’as juste envie de sortir du ring parce que t’es écoeurée.

C’est quand t’as l’impression que votre relation est comme un métro en panne. Pis qu’est-ce qu’on fait dans ce temps là? On attend. On se dit que ça va repartir, mais on ne sait pas quand. Puis plus tu utilises le métro, plus tu réalises à quel point il brise souvent. Même les sacrifices deviennent à l’image des tarifs : ils augmentent. Pour rien. Pour rien, car le service n’est pas meilleur qu’avant.

Puis vient le moment où tu réalises que l’amour est parti au moment où tu t’es demandé s’il était encore là.

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